C’était en 2019, quelques semaines après le début de mon tout premier traitement à base de Méthotrexate.
Avec mes amis, nous avions l’habitude de nous retrouver chez les uns et les autres.
Voilà comment ça se passait :
On prenait l’apéro avec des bières puis on enchainait sur le diner avec du vin.
On poursuivait une bonne partie de la soirée à refaire le monde.
Et chacun rentrait chez soi au milieu de la nuit.
Il y avait des amis, de l’alcool et de la bonne bouffe.
C’étaient nos habitudes, en tant que bons vivants.
Le gastro entérologue m’avait expliqué que le Méthotrexate était dangereux.
Il donnait “des coups de couteaux” à mon foie.
Cette métaphore, particulièrement visuelle, m’a marqué.
Ce médecin m’avait aussi rappelé que le foie est un organe vital.
Pas besoin de me faire un dessin, j’ai compris.
Je devais donc en prendre grand soin.
C’était une question de vie ou de mort.
Et ce n’était pas une façon de parler.
Là, c’était du sérieux !
Donc, puisque je prenais du Méthotrexate pour limiter l’activité de mon foie et tenter de réduire la polyarthrite rhumatoïde, je ne devais pas consommer d’alcool.
Car sinon, ça l’aurait stimulé.
Il fallait être cohérent, CQFD.
J’ai pris la décision d’arrêter de picoler sur le champ.
Ce qu’il faut savoir, c’est que quelques années auparavant, Maud, une amie de notre groupe d’amis, s’était faite remarquée en passant subitement à l’eau.
Curieux pour quelqu’un habitué à enchainer les bières, n’est-ce pas ?
La réaction fut immédiate : “T’es enceinte ?”
La réponse était “Oui” accompagnée d’un sourire gêné.
Vous savez, comme quand on est démasqué.
Oups, je suis repérée !
Je ne voyais pas comment cela pouvait passer inaperçu.
Un changement aussi radical pour moi, passer à l’eau, allait forcément être remarqué.
Et en plus, en tant qu’invité, on allait forcément me poser la question fatidique : “Tu bois quoi ?”.
Et le pot aux roses allait être découvert.
Je tournais ça dans tous les sens.
Mon cerveau fourmillait de questions.
C’était une véritable cocotte-minute.
Mais l’inévitable saut dans le vide n’était que la première étape.
Qu’allait-il se passer ensuite ?
Quelles pourraient être leurs réactions ?
Car je ne savais pas du tout comment ils allaient réagir.
Comme vous pouvez l’imaginer, j'en emmenais pas large.
Karine, qui recevait avec Matthieu, m’a demandé ce que je voulais boire.
Je me suis tourné vers elle et je lui ai dit le plus naturellement possible : “De l’eau s’il te plait”.
Et dans l’euphorie de la soirée, elle m’a sorti : “T’es enceinte ?”.
Alors que d’habitude, j’aurai enchainé sur de l’humour.
Cette fois ci, mon visage était resté fermé et j’ai marqué une pause.
Une pause suffisamment longue pour réaliser que c’était maintenant.
C’était le moment que j’avais tant redouté.
Il était arrivé.
C’était le bon moment pour le dire.
Donc je me suis retourné pour m’adresser à toutes les personnes présentes autour de la table.
Et la première phrase qui est sortie de ma bouche a été : “Il faut que je vous parle de quelque chose”.
Je pensais que mon ton était neutre et posé.
Mais quand j’ai vu tout le monde se taire, je me suis dit que ça devait vraiment faire solennel.
Et puis on m’a demandé : “Qu'est-ce qu’il t’arrive ?”
C’était parti.
J’avais fait le premier pas, je ne pouvais plus faire machine arrière.
Il fallait que je continue.
Qu’allait être ma réponse à cette question ?
Étant de nature positive, j’ai présenté les choses positivement : “Comme je vous apprécie tous, je vais prendre de l’eau pour continuer à passer du temps avec vous”.
Je pensais que ça allait être bien perçu.
Car je m’étais appliqué à n’utiliser aucun mot inquiétant comme “maladie” ou “problème”.
Quelle erreur, je m’étais complètement planté !
Au contraire, ça les a inquiétés et ils voulaient en savoir plus.
Et m***e !
Ok, je rentre dans les détails.
“On vient de me diagnostiquer une polyarthrite rhumatoïde”.
Immédiatement, je vois Karine sur ma droite se décomposer et l’émotion faire rougir son visage.
Elle en avait les larmes aux yeux.
J’ai même cru qu’elle allait se mettre à pleurer.
Il faut dire qu’elle travaille dans le secteur de la santé et qu’elle connait forcément cette maladie.
Donc je continue mon explication en leur disant que “Pour tenter d’aller mieux, j’ai pris un médicament qui agit sur le foie”.
“Et il est déconseillé de prendre de l’alcool en même temps”.
J’ai toujours en mémoire que mon foie est un organe vital.
Je ressentais une angoisse monstrueuse que mon foie lâche.
Et de crever stupidement à cause d’une bière de trop.
“Donc j’ai décidé de faire ce qu’il fallait et d’arrêter l’alcool”.
“Ma vie est plus importante qu’une bière”.
Même s’il s’agissait de ma bière préférée.
Ça y est, c’est dit.
Et maintenant ?
Il va se passer quoi ?
Quel allait être l’impact de cette révélation sur notre relation ?
Je me souviens m’être demandé : “Est ce que ça va passer ?”
“Est ce qu’ils vont continuer à m’apprécier ?”
“Est-ce que c’est ma dernière soirée avec eux ?”
“Est-ce que je serais invité aux suivantes ?”
Il faut que je précise que l’on se connait depuis des années.
Ce sont toutes des personnes respectueuses, ouvertes d’esprit et bienveillantes.
Et on a passé beaucoup de beaux moments ensemble.
J’avais beaucoup de chance de les connaitre.
Je me suis mis à les regarder chacun leur tour et j’ai vu dans leurs yeux de l’empathie.
Ça m’a profondément touché qu’ils soient touchés par ma situation.
Karine m’a finalement servi un verre d’eau et on a trinqué tous ensemble.
J’avais ma réponse : oui, je fais toujours partie de ce groupe.
Ouf, je peux commencer à me détendre et à profiter de ce moment en leur compagnie.
Mes amis ont fait preuve d’ouverture d’esprit et ont continué à m’accepter tel que j’étais.
Alors qu’ils auraient pu dire que c’était trop pour eux et me rejeter.
D'ailleurs, je l’aurai compris et accepté.
Mais au lieu de ça, notre amitié a continué.
Une rencontre, un baiser, un fou rire, une victoire...
Ce souvenir est tellement ancré en moi que j’ai l’impression de l’avoir vécu hier.
Je me souviens de chaque phrase, à la virgule près.
C’était fou quand j’y repense !
L’intensité des doutes, la délivrance du partage et le soulagement de l'acceptation sont toujours présents dans ma mémoire.
Il n’était pas calculé.
Quand on saute d’un avion avec un parachute dans le dos, on sait qu’on a 99 % de chances que ça va bien se passer.
Moi, j'ai sauté dans le vide sans parachute.
C'était un de ces moments où le temps s’était arrêté.
Et mes amis m’ont rattrapé au passage.
J'ai été sincère, comme à mon habitude.
Je me suis montré vulnérable, humain et malade.
Et en retour, j’ai reçu de l’attention, de l’empathie et de l’amour.
Et je leur suis profondément reconnaissant.
J’ai eu tellement de chance que cette annonce se soit déroulée de cette manière-là.
Cet évènement a officialisé l'arrêt de ma consommation d’alcool.
Depuis, j’en plaisante en disant que plusieurs bars ont fermé car ils ont perdu un bon client.
Mais il n’y avait aucune garantie que ça se passe comme ça.
Plusieurs choix s’offraient à moi :
J’aurai pu ne rien dire.
Après tout, je n’avais pas à me justifier.
Et si je décidais de garder ça pour moi, j’étais en droit d’attendre de mes amis qu’ils respectent ma décision.
Mais ça aurait surement créé une distance entre nous.
Vous savez, comme quand un sujet ne doit pas être évoqué.
On sait qu’il est là mais on n’en parle pas de peur que cela crée un malaise ou des tensions.
Donc on le glisse sous le tapis et on fait l’autruche.
Ce genre de relations ne m’intéresse pas.
J’aurai aussi très bien pu rester vague ou inventer une histoire.
Mais à quoi bon être proches de personnes si c’est pour se raconter des salades ?
Autant être totalement sincère et complètement authentique.
Si ces personnes continuaient de m’accepter, je saurais qu’elles m’apprécieraient tel que je suis vraiment.
Si elles ne m’acceptaient pas, ok.
De toute façon, je ne peux pas plaire à tout le monde.
Est-ce que je modifierai quelque chose ?
Le lieu ?
Le moment ?
Mon annonce ?
Je vais vous dire : je referai exactement pareil.
Pourquoi ?
Facile !
Car je ne peux pas contrôler la réaction des autres personnes.
Donc autant être naturel et lâcher prise.
Il se passera ce qu’il se passera.
La réaction des personnes vous en apprendra encore plus sur qui elles sont véritablement.
Dans tous les cas, ce sera intéressant et utile pour vous.
Et l’appréhension, bien qu’importante, est en définitive ridicule en comparaison de la satisfaction intense à être aligné sur soi-même.
Donc si vous n’avez pas encore abordé le sujet avec certaines personnes de votre entourage, je vous souhaite de vivre cette situation pleinement en accord avec vous même.
Et de vous sentir aimé(e) tel(le) que vous êtes réellement.
Car vous le méritez.
Tout cela s’est déroulé dans la sphère personnelle.
Attention, c’est complètement différent dans le monde du travail !
Ce sera l’occasion de rédiger un nouvel article.
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